Le Projet

Le projet et ses objectifs initiaux

Le projet CIVILINUM visait à documenter et analyser les manifestations d’incivilité liées à l’usage d’outils et de dispositifs de communication numériques dans un cadre de travail.

Des travaux précédents, réalisés dans le cadre d’une ANR intitulée DEVOTIC (2011-2014) avaient permis de mettre en évidence des phénomènes de malaise et des risques psycho-sociaux chez des cadres, liés à des pratiques numériques que l’on avaient qualifiées de manière provisoire « d’inciviles », notamment sur les messageries électroniques ou les réseaux sociaux d’entreprises, espaces où les traditions épistolaires anciennes ne sont plus en usage et les nouvelles pratiques de courtoisie encore peu stabilisées.

C’est à partir de ces constats, associés à celui de la mise en évidence de difficultés de régulation ou de prise en charge des problèmes mis à jour, mais aussi à partir de contacts avec des organisations préoccupées par la question des incivilités, que le projet de recherche CIVILINUM a été conçu.

Le « Club Aquitain Interentreprises de Prévention des incivilités» – organisme rassemblant une quinzaine d’organisations à vocation commerciale et d’institutions préoccupées par ce sujet – avait, en effet, contacté l’équipe à la suite d’une conférence de Valérie Carayol réalisée dans le cadre de l’Observatoire Régional des Risques Psychosociaux sur les difficultés des cadres liées à l’usage des TIC pour travailler sur les incivilités en entreprise. La conjonction des intérêts scientifiques des chercheurs du MICA et du collectif d’entreprises précité, a été déterminante pour mettre en œuvre le projet.

Les questions à investiguer étaient en outre tout à fait en phase avec d’une part, l’agenda politique autour des incivilités, du stress et de la qualité de vie au travail,  (cf. la journée parlementaire de novembre 2015 sur ces sujets)   mais aussi les attentes sociales et l’agenda scientifique de la Région Aquitaine puisque des politiques régionales prioritaires en Aquitaine avaient été identifiées autour de la santé, de la qualité de vie au travail et des TIC.

Les entreprises et organisations partenaires:

  • La Caisse d’Épargne Poitou-Charentes
  • l’AFNOR Aquitaine
  • Le laboratoire de psychologie de l’Université de Bordeaux

Ce projet a permis de fédérer une équipe interdisciplinaire permettant de croiser les compétences et travaux de chercheurs de plusieurs horizons et qui appartiennent à quatre laboratoires :

  • Le laboratoire MICA, de l’Université Bordeaux Montaigne, EA 4426 est le laboratoire de recherche en Information, Communication et Art de l’Université Bordeaux Montaigne. Le laboratoire développe une réflexion collective sur les « Mutations des médiations à l’ère du numérique et de la mondialisation » et, particulièrement dans son axe 2, sur les mutations des organisations et la communication organisationnelle.
  • Le Centre de droit comparé du travail et de la sécurité sociale COMPTRASEC UMR 5114 CNRS – Université de Bordeaux. Le Centre de droit comparé du travail et de la sécurité sociale (COMPTRASEC) a pour objet principal le développement d’activités de recherche à dimension comparative et pluridisciplinaire dans le champ du droit du travail, des relations professionnelles, de la protection sociale et des sciences de la population.
  • Le laboratoire de Psychologie, Santé et Qualité de Vie, EA4139 de l’Université de Bordeaux Les travaux du laboratoire sont centrés sur l’étude « du fonctionnement psychologique, des processus adaptatifs, des modalités d’ajustement du normal au pathologique mis en jeu entre l’individu et son environnement »
  • Le laboratoire pluridisciplinaire Culture, sport, santé, société (C3S), EA 4660 de l’Université de Besançon. C’est la pluridisciplinarité qui caractérise le laboratoire C3S.Les recherches qui y sont menées croisent la sociologie, l’ethnologie, l’histoire, les sciences de l’éducation et la biologie.

Nos questions de recherche :

  • Quelles sont les conditions de survenue (situations, événements, cadres d’action, temporalités) et les manifestations majeures des épisodes d’incivilités numériques?
  • Quelle place est faite à l’analyse collective de ces difficultés dans les organisations  ?
  • Quelles formes de réflexivité et de connaissance sont construites à partir de ces événements ?
  • Quelles régulations organisationnelles et communicationnelles sont mises en place ou envisagées ?
  • Quelles adaptations des outils numériques de communication seraient envisageables pour palier certains problèmes identifiés ?
  • Comment le droit se saisit il du phénomène des incivilités numériques au travail ? Le peut-il ?

Les incivilités numériques seront notamment appréhendées comme miroir ou symptôme d’un travail « en souffrance». L’analyse portera notamment sur les ressorts organisationnels, institutionnels et communicationnels de ce phénomène.